Textes de chansons : Aimer quoi qu'il arrive...
Jour de fête
Le grand jour était arrivé
De partout la fête éclatait
Derrière chaque fenêtre luisaient
Guirlandes, bougies et boules de gomme
Ce soir-là chacun se devait
De s'éclater aux tiroirs-caisses
Des magasins pochettes-surprises
Jour du formidable gâchis -
Paris scintillait de lumières
Mais tout mon être était absent
J'avais croisé un satellite
Bien mal placé sur mon orbite
Qu'est-ce que j'foutais sur les trottoirs
Dans les boutiques endimanchées
A chercher l'objet pseudo-rare
A chercher le dernier cadeau -
J'aurais voulu être ailleurs
Cet ailleurs n'avait pas de lieu
Je n'avais plus ni faim ni soif
J'avais envie de faire l'amour
N'importe où - n'importe comment
Pourvu que ce soit de l'amour
Même de l'amour au ras du sol
Pourvu que passe l'émotion -
Le téléphone n'a pas sonné
Sûrement à cause des PTT
Le champagne n'avait aucun goût
Je veillais pour être debout
Le temps passait à fondre l'âme
Et la pluie frappait les carreaux
Il n'y a rien de plus dérisoire
Qu'un corps chaud dans un lit désert -
Ce soir-là combien de malades
S'évertuèrent à faire l'amour
Dans des draps d'aube macabre
L'haleine empuantie d'alcool
C'était le Grand Jour-Jour de Paix
Au fin fond de mes Amériques
Je rêvais de mon satellite
Bien mal placé sur mon orbite -
Jusqu'à ce que la force de t'aimer me manque
Je voudrais pouvoir t'aimer deux ans trois ans dix ans
T'aimer jusqu'à ce que la force de t'aimer me manque
Que le bonheur de t'aimer s'estompe
Afin que je puisse aimer
Quelqu'un d'autre que toi
Quelqu'autre chose que toi.
Aimer de nouveau, sans cesse
Aimer comme je t'aime en ce moment
Malgré
La frustration de ta présence
Malgré l'absence.
Douloureuse souffrance inutile
Et pourtant combien nécessaire
Vitale à nos esprits de fous.
Quel gâchis que ce tant d'amour versé à d'autres que toi
Mais peut-être... quelle superbe résurrection de la vie.
(Album Paix -1972)
Carrefour de la solitude
Au carrefour de ma solitude
Et de mes illusions perdues
Quand vont se coucher les étoiles
Que s’apaisent nos ultimes craintes
L’idée de l’homme transparaît
Tumultueuse et dévorante -
L’infinie douceur de sa voix
Trouble ma musique intérieure
Il parle des à-coups de la vie
En un murmure exacerbé
Il dit qu’il faut encore lutter
Alors que j’ai les reins cassés -
Et puis soudain, dans la nuit noire
Après tant d’efforts déguisés
La femme louve se réveille
La faim lui dénoue les entrailles
Dévoilant son corps dispersé
À l’horizon soleil couché -
Dans des draps d’aube tourmentée
Ses bras enserrent l’éternité
Il la turbule et la patiente
Elle n’est plus seule dans la chaleur
Peu à peu s’ouvre sur le jour
Un visage au regard nouveau -
Il devient le centre du monde
Les quatre chemins de son âme
Sous le feu de l’incertitude
Leurs deux mains se sont détachées
Elle veut le fondre à son amour
Mais douc’ment, il s’est éloigné -
Il y a des plaintes qui s’entravent
Elle n’attend plus rien ni personne
Et son chagrin en mouvement
Déjà se confond à l’abîme
Si près de lui dans la douceur
Si près de lui dans le néant -